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Tutoriel en français pour l'analyse des réseaux multiplexes avec R et le package multinet

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Analyse de réseaux multiplexes avec R - le package multinet

décembre, 2022

Paul Gourdon et Laurent Beauguitte (UMR Géographie-cités)

Un réseau multiplexe est un réseau composé d’un ensemble de couches, chacune d’entre elles représentant un type de relation. Autrement dit, chaque couche est composée d’un ensemble de sommets et d’un ensemble de liens entre ces sommets. Tous les sommets - et tous les liens - ne sont pas nécessairement présents dans toutes les couches.

L’analyse des réseaux multiplexes est un domaine de recherche dynamique et il n’existe pas à notre connaissance de méthode standardisée faisant consensus. Le nombre de packages R permettant ce type d’analyse est réduit : Muxviz semble être à l’arrêt, mully permet uniquement la création et la visualisation de réseaux et les packages multiplex-multigraph (tous deux développés par la même personne) sont fondés sur une approche très spécifique qui fera peut-être l’objet d’un tutoriel ultérieur. Le package présenté ici, multinet, propose plusieurs méthodes d’analyse et de visualisation et il est partiellement compatible avec igraph.

Deux jeux de données sont utilisés dans ce tutoriel :

  • le jeu de données AUCS incorporé au package et qui décrit 5 types de relations entre 64 personnes d’un centre universitaire (Dickison et al., 2016) ;

  • le jeu de données cluster qui décrit trois types de relations entre 32 établissements du secteur des biotechnologies (Vallier, 2018).

Le présent tutoriel s’inspire largement de l’article du JSS paru en 2021 (Magnani et al.) et de la documentation du package (Magnani et al., 2022). Les versions utilisées sont 4.1 pour multinet et 1.3.5 pour igraph.

1. Importer et créer l’objet

Le package multinet crée et manipule des objets intitulés Rcpp_RMLNetwork. Ces objets contiennent une liste de couches (une couche = un type de relation), une liste d’acteurs (ensemble des sommets présents, toutes couches confondues), une liste de sommets et une liste de liens, ces deux dernières listes ayant pour attribut la couche à laquelle elles appartiennent. Il est possible d’ajouter d’autres attributs pour les sommets comme pour les liens et ces attributs peuvent différer d’une couche à l’autre (voir exemple ci-dessous). Les liens peuvent être de types différents selon les couches considérées : orientés ou non, valués ou binaires.

Exemple : dans le jeu de données AUCS, il existe une couche de relations Facebook (un lien existe entre deux personnes si elles sont amies sur ce réseau) et une couche de relations coauthor (un lien existe entre deux personnes si elles ont signé ensemble un article). Les deux types de relations sont non orientés ; le nombre de sommets diffère dans les deux couches. On pourrait avoir des attributs différents, tant pour les liens que pour les sommets dans l’une et l’autre (date d’inscription sur Facebook, ancienneté du lien, date de la copublication, etc.).

1.1. Importer un objet multigraphe

Le mini-script ci-dessous permet d’étudier le jeu AUCS et donne les noms des différentes couches.

library(multinet)

net <- ml_aucs()
layers_ml(net)
#> [1] "facebook" "coauthor" "lunch"    "leisure"  "work"
net
#> ml-net[61, 5, 224, 620 (620,0)]

La fonction layers_ml() donne les identifiants des couches. Taper le nom de l’objet permet d’obtenir un premier résumé avec, dans l’ordre : le nombre d’acteurs total, le nombre de couches, le nombre de sommets (somme des sommets présents dans les différentes couches. 224 étant inférieur à 5*61, on en déduit que tous les sommets ne sont pas présents partout) et le nombre total de liens (620).

1.2. Importer des données au format csv et igraph

Pour importer ses propres données, si elles sont au format GraphML (de type XML), multinet sait les lire directement. Sinon, le plus simple est de créer un objet igraph pour chaque couche, un objet multinet vide puis d’y ajouter les couches une à une.

library(igraph)

# import des données (table des liens)
link <- read.csv("data/2018_vallier_data_edgelist.csv", 
                  encoding = "UTF-8")

# suppression des colonnes inutiles
link <- link[,1:3]

#création des 3 objets igraph correspondant à 3 types de liens
coll <- graph_from_data_frame(link[link$Type_fr == "Collaboration",], 
                              directed=FALSE)

## supprimer les liens multiples : de 62 à 31 liens
coll <- simplify(coll, remove.multiple = TRUE) 

cons <- graph_from_data_frame(link[link$Type_fr == "Consortium",], 
                              directed = FALSE) 

# de 20 à 10 liens
cons <- simplify(cons, remove.multiple = TRUE) 

# 17 liens de type orienté
depa <- graph_from_data_frame(link[link$Type_fr == "Dépannage",1:2], 
                              directed = TRUE) 

# création d'un objet multinet vide
clus <- ml_empty()

#ajout des couches igraph
add_igraph_layer_ml(clus, coll, "coll") 
add_igraph_layer_ml(clus, cons, "cons")
add_igraph_layer_ml(clus, depa, "depa")

#propriétés de l'objet créé
clus
#> ml-net[32, 3, 51, 58 (58,0)]
layers_ml(clus)
#> [1] "coll" "cons" "depa"

1.3. Appréhender les objets créés

Un moyen de vérifier que l’importation s’est bien passée est de visualiser les différents types de relations - les options de visualisation sont évoquées à la fin de ce tutoriel.

# données AUCS
plot(net, vertex.labels = NA)

# données cluster
plot(clus, vertex.labels = NA) 

Un moyen sans doute plus sûr est d’utiliser la fonction summary().

summary(net)
#>           n   m dir nc slc       dens        cc      apl dia
#> _flat_   61 620   0  1  61 0.33879781 0.4761508 2.062842   4
#> coauthor 25  21   0  8   6 0.07000000 0.4285714 1.500000   3
#> facebook 32 124   0  1  32 0.25000000 0.4805687 1.955645   4
#> leisure  47  88   0  2  44 0.08140611 0.3430657 3.115911   8
#> lunch    60 193   0  1  60 0.10903955 0.5689261 3.188701   7
#> work     60 194   0  1  60 0.10960452 0.3387863 2.390395   4
summary(clus)
#>         n  m dir nc slc       dens        cc      apl dia
#> _flat_ 32 99   1  1  32 0.09979839 0.1578947 3.015538   7
#> coll   27 62   1  1  27 0.08831909 0.0400000 3.421652   7
#> cons    9 20   1  1   9 0.27777778 0.3529412 2.388889   5
#> depa   15 17   1  2  11 0.08095238 0.1304348 1.775000   3

Les lignes concernent la couche dite _flat_ (somme des différentes matrices d’adjacence) et les couches propres à chaque type de relation. Les colonnes indiquent :

  • le nombre de sommets non isolés (n)

  • le nombre de liens (m) ;

  • leur caractère orienté (dir) (1 = oui, 0 = non) ;

  • le nombre de composantes (sommets isolés non inclus) - en cas de couche avec liens orientés, l’orientation est prise en compte et le nombre donné correspond aux composantes fortement connexes (nc) ;

  • la densité (dens) ;

  • la transitivité globale (orientation éventuelle des liens non prise en compte) (cc) ;

  • la longueur moyenne des plus courts chemins (apl pour average path length) ;

  • le diamètre de la plus grande composante connexe (dia).

1.4. “Aligner” le multigraphe (tous les sommets dans toutes les couches)

Comme le montrent les tableaux précédents, tous les acteurs ne sont pas présents dans chaque couche.

Pour certaines analyses ou visualisations, il peut être utile de prendre en compte les acteurs qui n’ont aucun lien dans une couche donnée, représentés par des sommets isolés. Le package multinet permet d’ajouter tous les acteurs à toutes les couches d’un graphe multiplexe. Pour ce faire, il est nécessaire d’enregistrer le multigraphe au format multilayer puis de spécifier le paramètre aligned = TRUE lors du nouvel import.

# pour les données AUCS  : option à l'import

net_aligned <- read_ml(system.file("extdata", "aucs.mpx", package = "multinet"), 
                       "AUCS", aligned = TRUE)
net_aligned # on retrouve bien 61 acteurs * 5 couches = 305 sommets en tout
#> ml-net[61, 5, 305, 620 (620,0)]

# pour les données cluster : enregistrement puis import

write_ml(clus, "data/clusAlign", format = "multilayer", 
         sep = ',')


clus_aligned <- read_ml("data/clusAlign", aligned = TRUE)

clus_aligned # 32 acteurs * 3 couches = 96 sommets
#> ml-net[32, 3, 96, 58 (58,0)]

# test : différence entre les deux résumés clus et clus_aligned ?

identical(summary(clus), summary(clus_aligned)) 
#> [1] TRUE

Les résumés des deux graphes multiplexes sont strictement identiques car la variable n correspond au nombre de sommets connectés dans chaque couche et tous les calculs de la fonction summary() sont effectués sur cet ensemble de sommets connectés.

La visualisation permet en revanche de faire figurer l’ensemble des sommets dans chaque couche.

# spatialiser les sommets dans la même position que pour la 3ème couche
l3 <- layout_multiforce_ml(clus_aligned, w_inter = 1, 
                            w_in = c(0, 0, 1), 
                            gravity = c(0, 0, 1))

# visualisation des trois couches

plot(clus_aligned, layout = l3, grid = c(1, 3), vertex.labels = "")

Si la fonction summary renvoie les mêmes résultats que le paramètre aligned soit TRUE ou FALSE, les fonctions de comparaison entre les différentes couches prennent bien en compte la présence ou l’absence des sommets isolés. Travailler sur une version alignée ou non alignée du graphe multiplexe aura donc un grand impact.

2. Quelques mesures et analyses

2.1. Créer et étudier les couches individuellemment

Pour étudier les couches de relations de façon individuelle, inutile d’utiliser multinet, igraph ou sna suffisent largement. La seule couche inédite, produite par le package, est la couche _flat_ : elle peut être exportée vers igraph avec le mini-script suivant:

clus_i <- as.list(clus)
flat <- clus_i$"_flat_"

Les autres couches peuvent être récupérées comme suit :

# créer un object igraph à partir d'une couche

# acteurs disposant d'un compte facebook : n = 32
(fb <- as.igraph(net, "facebook")) 

# version alignée : ensemble des acteurs présents dans le flat
# n = 61 (avec sommets isolés)
fb <- as.igraph(net_aligned, "facebook") 

# même opération mais à partir de la version non-alignée du graphe
fb <- as.igraph(net, "facebook", all.actors = TRUE) 

# retirer deux couches en même temps

f_l_net <- as.igraph(net, 
                     c("facebook","lunch"), # choix des couches
                     merge.actors=TRUE)     # ne conserver qu'un seul sommet par                                             acteur (toutes couches confondues) n = 60

Il est possible de créer d’autres couches à l’aide des fonctions flatten_ml et project_lm :

  • flatten_ml fusionne deux couches ou plus et crée un lien entre deux sommets si un lien est présent dans au moins une des couches. L’utilisation de l’argument method = "weighted" permet de créer un lien valué si on le souhaite (somme des liens entre les acteurs selon les couches considérées) ;

  • project_ml fusionne deux couches ou plus et crée un lien entre deux sommets si le lien est présent dans chacune des couches fusionnées.

2.2. Centralités, voisinage, distances

Un certain nombre de fonctions permettent d’étudier le degré d’un sommet de manière à prendre en compte la multiplexité des relations. La fonction degree_ml permet d’obtenir les degrés d’une couche donnée ; neighborhood_ml permet de connaître le degré d’un sommet précis dans une couche donnée. xneighborhood_ml renvoie le nombre de voisins d’un sommet donné présents dans la seule couche étudiée. relevance_ml donne le pourcentage de voisins présents dans une couche donnée, xrelevance_ml le pourcentage de voisins présents dans cette seule couche.

neighborhood_ml(net,"U54","work")
#> [1] 8
xneighborhood_ml(net,"U54","work")
#> [1] 4
relevance_ml(net,"U54","work")
#> [1] 0.4210526
xrelevance_ml(net,"U54","work")
#> [1] 0.2105263

Le sommet U54 a 8 voisins dans la couche work, 4 sont voisins dans cette seule couche, cette dernière concentre 42% des voisins de U54 (toutes couches confondues), enfin 21% des liens de U54 dans work sont spécifiques à cette couche.

Il est également possible de calculer la centralité de degré de manière plus systématique.

# degrés sur le réseau net

## si la couche n'est pas précisée, le calcul s'effectue sur flat
deg <- degree_ml(net) 
## actors_ml renvoie les noms sous forme de liste :
names(deg) <- unlist(actors_ml(net)) 
## ordonner le vecteur de manière décroissante
top_degrees <- head(deg[order(-deg)])

# degrés sur le réseau clus

degc <- degree_ml(clus_aligned)
names(degc) <- unlist(actors_ml(clus_aligned))
top_degc <- head(degc[order(-degc)])

# tableau des degrés selon les couches

## réseau net

(topdeg <- 
data.frame(actor = names(top_degrees),
          facebook = degree_ml(net, actors = names(top_degrees), layers = "facebook"),
          leisure = degree_ml(net, actors = names(top_degrees), layers = "leisure"),
          lunch = degree_ml(net, actors = names(top_degrees), layers = "lunch"),
          coauthor = degree_ml(net, actors = names(top_degrees), layers = "coauthor"),
          work = degree_ml(net, actors = names(top_degrees), layers = "work"),
          flat = top_degrees)) 
#>      actor facebook leisure lunch coauthor work flat
#> U4      U4       12       1    15       NA   21   49
#> U67    U67       13       2    12       NA   20   47
#> U91    U91       14      14     7        3    8   46
#> U79    U79       15       7    13       NA    9   44
#> U123  U123       11      NA     6       NA   27   44
#> U110  U110        9       7     7        4   14   41

NOTE : NA indique que le sommet en question n’a pas de voisin dans la couche considérée (ex. U4 dans la couche co-auteur).

Si dans une couche les liens sont orientés, il est possible de préciser le mode voulu : "in" (degré entrant), "out" (sortant) ou "all" (total). Lorsque le graphe multiplexe est “aligné”, l’absence de lien produit non pas un NA mais bien un 0 car le sommet isolé est présent dans la couche.

# réseau clus (avec une couche orientée)

(topdegc <- 
data.frame(actor = as.character(names(top_degc)),
          coll = degree_ml(clus_aligned, actors = names(top_degc), layers = "coll"),
          cons = degree_ml(clus_aligned, actors = names(top_degc), layers = "cons"),
          depa_in = degree_ml(clus_aligned, actors = names(top_degc), layers = "depa", mode = "in"), #degré entrant
          depa_out = degree_ml(clus_aligned, actors = names(top_degc), layers = "depa", mode = "out"), #degré sortant
          flat = top_degc)) 
#>    actor coll cons depa_in depa_out flat
#> 28    28    1    4       5        2   12
#> 6      6    5    1       2        4   12
#> 4      4    3    2       1        2    8
#> 5      5    1    4       1        1    7
#> 41    41    7    0       0        0    7
#> 7      7    4    2       0        0    6

Il est possible de calculer des distances en prenant en compte la multiplexité des relations à l’aide de la fonction distance_ml. Les chemins ne sont plus calculés couche par couche mais prennent en compte les passages d’une couche à une autre. Autrement dit, deux acteurs A et D (notés A / A’ et D / D’ selon la couche considérée) peuvent être non connectés dans les deux couches : aucun chemin possible entre A et D sur la couche N (e.g. relations Twitter) ; aucun chemin possible entre A’ et D’ sur la couche N’ (e.g. relations Facebook). Pourtant un chemin est possible si l’on considère conjointement les relations des deux couches (Twitter et Facebook) : A → A’ → B’ → B → C → C’ → D’ → D.

Source : Magnani & Rossi, 2013

Source : Magnani & Rossi, 2013

Le chemin total correspond ici à une distance de 2 sur la couche N’ (Facebook) et à une distance de 1 sur la couche N (Twitter) soit un chemin de longueur 3 au total.

Il s’agit alors d’une mesure de distance de Pareto qui prend en compte la longueur de chemins non-dominés (non-dominated path lengths). Un chemin est considéré dominant par rapport à un autre 1. s’il est plus court, toutes couches confondues (longueur totale), et ce quelle que soit la pondération affectée aux liens des différentes couches, et 2. s’il contient au moins un plus court chemin sur une couche donnée. Le détail de ces mesures figure dans Magnani & Rossi (2013).

La fonction distance_ml renvoie donc l’ensemble des chemins dominants mais qui, sans information complémentaire sur l’efficacité (i.e le poids) des liens dans chaque couche, sont incomparables entre eux, c’est-à-dire non-dominés.

# calcul des non-dominated path lengths entre deux sommets 
subset(distance_ml(net,from = "U54",to = "U41", method="multiplex"), 
       lunch == 1 & facebook == 2 | work == 3)
#>    from  to facebook coauthor lunch leisure work
#> 2   U54 U41        2        0     1       0    0
#> 27  U54 U41        0        0     0       0    3

L’exemple ci-dessus montre 2 chemins non-dominés entre U54 et U41 de longueur 31.

  • un chemin comprend une distance de 1 dans la couche lunch et une distance de 2 dans la couche facebook. Autrement dit, théoriquement, cela pourrait renvoyer au chemin suivant : U54 a déjeuné avec i ; i est ami facebook avec j lui-même ami avec U41. D’autre part, l’existence d’un tel chemin signifie qu’il n’y a pas de chemin de longueur 2 avec 2 liens dans la couche facebook et 0 dans toutes les autres couches : ce chemin, s’il existait, serait nécessairement plus court que 2 facebook + 1 lunch, et ce, quel que soit le poids attribué aux liens dans la couche facebook et lunch.

  • l’autre chemin affiche une longueur 3 à l’intérieur de la seule couche work.

Sans information supplémentaire, aucun de ces chemins ne domine l’autre : la longueur totale est la même pour ces 2 chemins et ils intègrent potentiellement un plus court chemin dans une des couches du réseau multiplexe (selon la pondération affectée aux liens dans les couches).

# vérification du fait qu'il n'existe pas de chemin entre U54 et U41 
# comprenant uniquement 2 liens dans la couche facebook
subset(distance_ml(net,from = "U54",to = "U41", method="multiplex"),
       facebook == 2 )
#>    from  to facebook coauthor lunch leisure work
#> 2   U54 U41        2        0     1       0    0
#> 7   U54 U41        2        1     0       0    1
#> 11  U54 U41        2        3     0       0    0
#> 22  U54 U41        2        1     0       1    0
#> 23  U54 U41        2        0     0       2    0

2.3. Comparaison des couches

multinet permet également de comparer les couches entre elles. Plusieurs méthodes sont proposées et seule une poignée est détaillée ici. On peut distinguer les comparaisons liées à la la distribution des degrés, celles portant sur la présence des mêmes sommets et enfin les corrélations entre matrices (liens, triangles, etc.). Les méthodes proposées sont issues de l’article de Brodka et al. (2018).

Exemple : fonction de dissimilarité de Jeffrey concernant la distribution des degrés (plus le résultat est élevé, plus les deux couches sont dissemblables).

#comparaison distribution degré
layer_comparison_ml(net, method = "jeffrey.degree")
#>           facebook  coauthor     lunch   leisure      work
#> facebook 0.0000000 2.0214010 0.4207678 1.0177980 0.7106788
#> coauthor 2.0214010 0.0000000 2.8966530 0.4521076 0.5917494
#> lunch    0.4207678 2.8966530 0.0000000 1.3288250 0.8372414
#> leisure  1.0177980 0.4521076 1.3288250 0.0000000 0.2118452
#> work     0.7106788 0.5917494 0.8372414 0.2118452 0.0000000

Ainsi, dans cet exemple la distribution des degrés dans la couche work ressemble le plus à celle de la couche leisure.

NOTE : toutes les mesures de comparaisons sur les degrées et les acteurs sont sensibles au fait d’inclure ou non l’ensemble des acteurs dans chaque couche. Cela est parfaitement logique, car dans une version alignée du réseau multiplexe, on ajoute des sommets isolés de degré 0.

#comparaison distribution degré sur la version alignée du réseau net
layer_comparison_ml(net_aligned, method = "jeffrey.degree")
#>           facebook     lunch   leisure  coauthor      work
#> facebook 0.0000000 1.4143833 0.2754121 0.4799452 0.1817213
#> lunch    1.4143833 0.0000000 1.6748765 3.4654016 0.3830254
#> leisure  0.2754121 1.6748765 0.0000000 0.7262190 0.2961610
#> coauthor 0.4799452 3.4654016 0.7262190 0.0000000 1.3307614
#> work     0.1817213 0.3830254 0.2961610 1.3307614 0.0000000
  • Corrélation entre les degrés : layer_comparison_ml(net, method = "pearson.degree"). Le résultat varie entre -1 (un sommet avec un degré élevé dans une couche a un degré faible dans l’autre) et 1 (degré élevé dans les deux couches).
#même degré dans différentes couches - qq soit les voisins
layer_comparison_ml(clus, method="pearson.degree")
#>            coll       cons      depa
#> coll  1.0000000 -0.6310780 0.1426954
#> cons -0.6310780  1.0000000 0.3392003
#> depa  0.1426954  0.3392003 1.0000000

Dans le réseau clus, les degrés de la couche cons sont faiblement, mais positivement, corrélés avec les degrés de la couche depa. Les degrés de la couche coll (collaboration) sont assez fortement corrélés négativement avec ceux de la couche cons : autrement dit une forte centralité de degré dans la couche des collaborations renvoie plutôt à une faible centralité dans la couche des participations à des consortiums. Ce résultat confirme ce que l’on pouvait soupçonner en regardant le tableau des plus hautes centralités de degré selon les couches.

  • Comparer la présence des acteurs dans toutes les couches: layer_comparison_ml(net, method = "jaccard.actors") : le résultat varie entre 0 (aucun acteur commun) et 1 (les mêmes acteurs sont présents dans les deux couches comparées).
#mêmes sommets dans les différentes couches (0 à 1)
layer_comparison_ml(clus, method="jaccard.actors")
#>           coll      cons      depa
#> coll 1.0000000 0.2857143 0.3125000
#> cons 0.2857143 1.0000000 0.4117647
#> depa 0.3125000 0.4117647 1.0000000

Les acteurs présents dans la couche cons sont similaires à 41% à ceux de la couche depa .

NOTE : ce type de calcul n’a aucun intérêt sur la version alignée du réseau, la totalité des acteurs étant présents dans chaque couche, la matrice est remplie de 1.

  • Similarité des liens : layer_comparison_ml(net, method = "jaccard.edges"). Le résultat varie entre 1 (l’ensemble des liens sont identiques entre les deux couches) et 0 (aucun lien en commun) ; 0.5 indique qu’il y a 50% des liens en commun, c’est-à-dire entre les mêmes paires de sommets.
#mêmes liens entre mêmes paires de sommets
layer_comparison_ml(net, method="jaccard.edges")
#>            facebook   coauthor      lunch   leisure       work
#> facebook 1.00000000 0.05839416 0.17843866 0.1584699 0.18656716
#> coauthor 0.05839416 1.00000000 0.06467662 0.1010101 0.09137056
#> lunch    0.17843866 0.06467662 1.00000000 0.2772727 0.33910035
#> leisure  0.15846995 0.10101010 0.27727273 1.0000000 0.20512821
#> work     0.18656716 0.09137056 0.33910035 0.2051282 1.00000000

Ici les deux couches possédant le plus de liens en commun sont les couches work et lunch : elles partagent 33% de liens en communs.

Il est également possible de sortir des seules comparaisons dyadiques (relation entre des paires de sommets ) en appliquant la même méthode mais sur les triangles (triades).

#mêmes triangles entre mêmes ensemble de 3 sommets
layer_comparison_ml(net, method="jaccard.triangles")
#>             facebook    coauthor       lunch    leisure        work
#> facebook 1.000000000 0.005813953 0.069053708 0.02369668 0.046448087
#> coauthor 0.005813953 1.000000000 0.007968127 0.00000000 0.009259259
#> lunch    0.069053708 0.007968127 1.000000000 0.10861423 0.151741294
#> leisure  0.023696682 0.000000000 0.108614232 1.00000000 0.074074074
#> work     0.046448087 0.009259259 0.151741294 0.07407407 1.000000000

2.4. Détection de communautés

Quatre algorithmes de détection de communautés sont implémentés dans le package multinet : clique percolation (méthode basée sur la recherche de cliques adjacentes), abacus (méthode basée sur la détection de motifs), Infomap (utlisation de marches aléatoires) et Louvain (optimisation de la modularité). Tous ces algorithmes ont été conçus pour des réseaux multiplexes (cf. les références fournies dans la documentation du package pour la fonction multinet.communities).

La fonction de détection de communautés crée un data.frame listant sur trois colonnes les sommets, les couches et un identifiant correspondant à la communauté d’apartenance (cid). Appliquer la fonction table sur cet identifiant permet de connaître le nombre et la taille des communautés détectées.

#tester les 4 algorithmes
com1 <- glouvain_ml(net)
com2 <- clique_percolation_ml(net)
com3 <- abacus_ml(net, min.actors = 3, min.layers = 3) 
com4 <- infomap_ml(net)

#crée dataframe : sommet, couche, communauté
head(com2, 6) 
#>   actor    layer cid
#> 1   U91 coauthor   0
#> 2   U91    lunch   0
#> 3   U53 coauthor   0
#> 4   U53    lunch   0
#> 5   U72 coauthor   0
#> 6   U72    lunch   0

#nb communautés et taille selon l'algo choisi
table(com1$cid)
#> 
#>  0  1  2  3  4 
#> 40 44 53 59 28
#table(com2$cid)
#table(com3$cid)
table(com4$cid)
#> 
#>  0  1  2  3  4  5 
#> 28 53 34 44 30 35

#indicateurs
modularity_ml(net, com1, gamma = 1, omega = 1)
#> [1] 0.5238051
#

#comparaison entre deux partitions 1 - 4
nmi_ml(net, com1, com4)
#> [1] 0.8883997
omega_index_ml(net, com1, com4)
#> [1] 0.8182008

Trois indicateurs peuvent être calculés pour évaluer la qualité des partitions produites : modularité, indice omega et information mutuelle normalisée (NMI en anglais, indice issue de la théorie de l’information). Il est possible de comparer directement deux partitions pour ces trois indicateurs. Le script ci-dessus montre que Louvain et Infomap donnent des partitions obtenant des scores quasi similaires.

Il est possible de visualiser les communautés obtenues.

#visualisation
plot(net, vertex.labels.cex=.3, com=com4)

On peut choisir de visualiser le réseau “aligné” afin que les sommets soient positionnés de la même façon sur toutes les couches. La comparaison visuelle est plus facile mais les sommets isolés perturbent la lisibité de la figure obtenue.

#visualiser le réseau aligné (ici on garde la spatialisation de la première couche)

l4 <- layout_multiforce_ml(net_aligned, w_inter = 1, 
                            w_in = c(1, 0, 0, 0, 0 ), 
                            gravity = c(1, 0, 0, 0, 0 ))


plot(net_aligned, vertex.labels.cex=.3, com=com4, layout = l4)

3. Visualisation

En ce qui concerne la visualisation, multinet permet de contrôler la forme, la taille et la couleur des sommets, la couleur et l’épaisseur des liens, la présence et la taille des labels. Seuls deux algorithmes de positionnement des sommets sont proposés : cercle (layout_circular_ml) et un algorithme force-based (layout_multiforce_ml).

Au-delà des paramètres que l’on peut régler par défaut, on trouvera quelques indications pour utiliser certaines variables attributaires lors de la visualisation dans la partie 4 de Magnani et al. (2021), notamment pour attribuer des couleurs aux différents sommets en fonction des couches ou d’une variable role pour les acteurs.

Le petit script ci-dessous crée une couche correspondant à la somme des liens présents dans trois couches work, facebook et lunch du jeu de données AUCS. On représente ensuite le graphe en faisant varier la taille des liens selon leur poids.

# créer une couche valuée à partir de work, facebook et lunch
layers_ml(net)
#> [1] "facebook" "coauthor" "lunch"    "leisure"  "work"

flatten_ml(net, new.layer = "wfl", layers = c("work", "facebook", "lunch"),
                   method = "weighted", force.directed = FALSE, all.actors = FALSE)

layers_ml(net)
#> [1] "facebook" "coauthor" "lunch"    "leisure"  "work"     "wfl"

attributes_ml(net, target = "edge")
#>   layer   name   type
#> 1   wfl weight double

# récupérer les poids pour toutes les couches 
# (sinon cela ne fonctionne pas dans car la fonction plot se base sur le graphe multicouche)

attr_values <- get_values_ml(net, "weight", edges = edges_ml(net))

# représenter la couche

l <- layout_multiforce_ml(net, w_inter = 1, 
                            w_in = c(0, 0, 0, 0, 0, 1), 
                            gravity = c(0, 0, 0, 0, 0, 1))

plot(net,                        #objet mulinet
     layers = "wfl",             #choix des couches
     layout = l,                 #algorithme de placement
     vertex.size = 5,            #taille des sommets
     vertex.color = "orange",    #couleur des sommets
     vertex.labels.size = 0.3,   #taille des labels
     edge.width = unlist(attr_values),  #taille des liens
     edge.col = "grey40",        #couleur des liens
     show.layer.names = FALSE)   #afficher le nom de la couche

Dès lors que l’on souhaite visualiser des variables attributaires, les solutions proposées sont selon nous complexes et peu pratiques car il faut retirer les attributs des acteurs, des sommets ou des liens, et les convertir dans le format voulu (vecteur numérique ou de couleurs). La solution la plus simple est sans doute de convertir les couches en format igraph et d’utiliser les fonctions de visualisation inhérentes à igraph ou bien celles de ggplot2 et ggraph.

4. Références

Piotr Brodka, Anna Chmiel, Matteo Magnani et Giancarlo Ragozini (2018). Quantifying layer similarity in multiplex networks: a systematic study. Royal Society Open Science 5(8): 171747

Mark E. Dickison, Matteo Magnani et Luca Rossi. Multilayer social networks. Cambridge University Press, 2016.

Mikko Kivelä, Alex Arenas, Marc Barthelemy, James P. Gleeson, Yamir Moreno et Mason A. Porter (2014). Multilayer Networks. Journal of Complex Networks, 2(3), 203–271.

Matteo Magnani, Luca Rossi et Davide Vega. Analysis of Multiplex Social Networks with R. Journal of Statistical Software, 98(8), 2021.

Matteo Magnani, Luca Rossi (2013). Pareto Distance for Multi-layer Network Analysis. Social Computing, Behavioral-Cultural Modeling and Prediction, Vol. 7812, pp. 249-256. Springer Berlin Heidelberg.

Documentation du package multinet : Matteo Magnani, Luca Rossi, Davide Vega et Obaida Hanteer (2022). multinet: Analysis and Mining of Multilayer Social Networks.

Estelle Vallier. Voyage en cluster. ARCS - Analyse de réseaux pour les sciences sociales, 2018.

Footnotes

  1. On obtient parfois des résultats qui semblent peu compréhensibles avec cette fonction : le tableau renvoie des longueurs totales (sommes des chemins en ligne) qui sont différentes. Mais si un chemin est renvoyé dans le tableau, c’est qu’il est incomparable à un autre si l’on a pas davantage d’informations sur le poids des liens dans chaque couche (un lien dans une couche peut par exemple être 3 fois plus efficace que celui d’une autre couche). Si on fait l’hypothèse que tous les liens se valent quelle que soit la couche, il suffit alors de produire une somme en ligne et de ne conserver que les chemins ayant la longueur totale minimum.

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Tutoriel en français pour l'analyse des réseaux multiplexes avec R et le package multinet

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